Pour répondre à cette question, il convient de distinguer l’endettement net qui vient diminuer la valeur d’entreprise afin d’obtenir la valeur des fonds propres (ou valeur des actions) de celui à considérer pour déterminer le taux d’actualisation qui intègre l’incidence de la structure financière de l’entreprise à évaluer (le gearing).

Le prêt garanti par l’Etat (PGE) est un prêt disponible pour toutes les entreprises jusqu’au 30 juin 2021. Le montant du prêt peut atteindre jusqu’à 3 mois de chiffre d’affaires 2019 ou 2 années de masse salariales pour les entreprises innovantes ou créées depuis le 1er janvier 2019. La particularité de ce prêt c’est qu’aucun remboursement n’est exigé la 1ère année (2 années de différé est aujourd’hui envisageable). Au-delà, le remboursement pourra être immédiat, ou bien faire l’objet d’un remboursement sur une période de 1 à 5 années.

En pratique, ce prêt a été assez facilement accordé par les banques compte tenu de l’importance de la garantie accordée par l’Etat (entre 70 et 90% selon les cas). De nombreuses entreprises ont aussi souscrit ce prêt par prudence sans pour autant le consommer. D’ailleurs, l’endettement net (à ne pas confondre avec l’endettement brut !) des entreprises françaises n’a pas augmenté de manière sensible entre mars et septembre 2020 selon la Banque de France.

Certains se sont poser la question pour savoir s’il fallait intégrer le PGE dans l’endettement net qui vient diminuer la valeur d’entreprise. Parmi les considérations qui justifieraient de les exclure selon certains, nous pouvons citer celles-ci :

  • Le PGE traduit un besoin de financement court terme pour faire face à une situation exceptionnelle et non durable
  • Le prêt est garanti par l’Etat ; un non-remboursement sera envisageable à l’issue de la crise sanitaire
  • L’entreprise ne consommera probablement pas la trésorerie perçue du fait du PGE

Etc.

Il est évident que toutes ces argumentations sont erronées :

  • Personne ne connaît la durée de la crise sanitaire et ses effets ; nombreux sont ceux qui se sont brulés les ailes à anticiper uniquement des effets courts termes liés au Covid-19
  • Il est peu probable que les banques et l’Etat abandonnent les PGE
  • L’importance de la consommation est sans importance puisqu’il s’agit de déterminer un endettement net qui intègre aussi la trésorerie disponible

L’imagination de certains est en réalité sans limite pour justifier d’un prix qui s’aligne avec leur intérêt. Dans tous les cas, il faut garder à l’esprit que le PGE devra être remboursé et l’entreprise devra générer suffisamment de cash-flow pour en permettre son remboursement. L’acquéreur avisé a bien conscience de cette réalité…

Par contre, cette question peut être légitime, dans certains cas, lorsqu’il s’agit de considérer le gearing utilisé pour estimer le taux d’actualisation d’un modèle type DCF. En effet, s’il est avéré que l’activité de la société a été impactée de manière modérée par le Covid-19 et que la structure financière observée, à ce jour, présente un caractère temporaire pour cette raison, il est envisageable de retraiter le PGE dans le calcul du gearing. Cette solution est en réalité valable pour toutes les catégories de dettes financières et n’est pas exclusive au PGE. L’évaluateur devra donc s’intéresser à la structure financière normative de l’entreprise, c’est-à-dire celle qui présente un caractère « normal » au regard de son activité actuelle et de ses perspectives les plus probables.

Si ces sujets vous intéressent et que vous souhaitez approfondir le sujet de l’évaluation d’entreprise, n’hésitez pas à voir le contenu de mon programme elearning consacré à l’évaluation d’entreprise et disponible sur le site AFIVAL ACADEMY.

Philippe CAMPOS.

Version vidéo de l’article généré par l’intelligence artificielle :