Il y a une quinzaine d’années, l’utilisation des primes de risque de marché dans les approches DCF (Discounted Cash Flow) apparaissait souvent désordonnée et parfois incohérente, principalement en raison d’un manque de compréhension de leur véritable signification.

Aujourd’hui, cette pratique a considérablement évolué. Les sources d’informations sont désormais plus accessibles et disponibles à des coûts raisonnables, permettant une utilisation plus structurée et pertinente des primes de risque.

Les rapports d’expertise indépendante des opérations publiques (OPA, OPR…) publiés par l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) fournissent un aperçu des pratiques de marché, bien qu’ils ne représentent qu’une fraction de l’ensemble des évaluations réalisées, la majorité des opérations étant privées. Néanmoins, il existe une homogénéité générale dans l’utilisation des primes de risque, à quelques exceptions près.

L’analyse des rapports d’expertise indépendante des opérations publiques de marché en France pour l’année 2024 (jusqu’à mi-octobre) révèle les pratiques suivantes :

  • Approche prospective : Dominante, elle est utilisée dans 17 opérations menées par 7 experts différents.
  • Approche historique : Rarissime, elle ne concerne que 2 opérations, toutes réalisées par un même expert.
  • Approche hybride : Cette méthode, combinant des données prospectives, historiques et parfois issues de sondages, est utilisée par 2 experts pour 3 opérations.
  • Primes de risque sans sources explicites : 2 experts sur 10 basent leurs calculs sur des observations sans mentionner les sources.
  • Calcul interne des primes de risque : Deux experts calculent leurs propres primes de risque de marché.
  • Référence aux moyennes : Un expert se réfère à la moyenne sur 6 mois des primes de risque de marché pratiquées par les experts indépendants AMF.

Caractéristiques de l’échantillon :

  • 22 opérations mentionnant des primes de risque de marché

  • 8 experts distincts désignés pour ces opérations

 

La détermination de sa propre prime de risque par un expert est une décision personnelle. Toutefois, étant donné l’existence de sources d’informations externes fiables, ce choix n’est pas fondamental.

Un exemple d’une bonne pratique consiste à recouper la source utilisée par l’évaluateur avec les observations des experts indépendants intervenant dans les opérations publiques.

Enfin, il est essentiel de rappeler que l’analyse de la sensibilité au coût du capital est cruciale dans une approche type DCF. Cette analyse permet notamment d’évaluer l’impact d’une variation de la prime de risque sur les résultats.

Pour en savoir plus sur le suivi des primes de risque utilisées par les experts indépendants AMF en 2024, consultez le lien suivant : Suivi 2024 des primes de risque et taux de croissance à l’infini.

Un autre article ancien mais toujours d’actualité ! : https://philippecampos.com/prime-de-risque-de-marche/

Philippe CAMPOS.

 

La version vocale de l’article :