Les faillites d’entreprises connaissent une augmentation alarmante selon certains articles de presse et émissions TV ou radios. Si nous observons une forte augmentation des défaillances d’entreprises en 2022 et 2023 (à fin août) en comparaison des années 2020 et 2021, celle-ci ne traduit en réalité que les effets d’un nombre de défaillances « anormalement » faible sur la période de la Covid-19. La situation actuelle du nombre de faillites apparaît « normale » et même plus faibles que sur la période post crise 2008 qui a duré plusieurs années.

La période post-COVID en France a été marquée par un paysage économique en mutation, particulièrement visible dans l’évolution des défaillances d’entreprises. Une analyse des données, couvrant la période de mars 2020 à fin 2021, révèle des tendances significatives qui méritent une attention particulière.

Durant la crise COVID-19, des mesures telles que le Prêt Garanti par l’État (PGE) et l’étalement des charges URSSAF et fiscales, gel des baux, etc. ont joué un rôle crucial dans le soutien aux entreprises. Ces interventions ont entraîné une baisse notable des défaillances. Par exemple, selon les données recueillies par l’INSEE, les défaillances d’entreprises ont diminué de -47% entre mars 2020 et décembre 2021, comparé à la période précédente. Cette réduction est significative, indiquant l’efficacité des mesures de soutien en temps de crise.

Cependant, avec la levée progressive des aides, surtout à partir de 2022 (remboursement PGE, apurement des loyers impayés, etc.), une augmentation des défaillances a été observée, signalant un retour vers une situation plus normative. Il est important de noter que cette augmentation, bien que perceptible, ne doit pas être interprétée comme une détérioration soudaine de la santé économique. Par exemple, en 2022, les défaillances ont augmenté de +50% par rapport à 2021, mais restent inférieures de -15% aux niveaux pré-pandémiques (janvier 2022 à août 2023 vs janvier 2019 à août 2021). Cette tendance suggère plutôt une normalisation après une période exceptionnelle d’aides gouvernementales.

L’impact de ces fluctuations varie considérablement d’un secteur à l’autre. Des domaines comme l’immobilier et les technologies par exemple connaissent actuellement  des taux de défaillance plus élevés, reflétant les défis spécifiques auxquels ces industries sont confrontées (restriction du crédit, augmentation sensible des taux d’intérêts, etc.). En revanche, d’autres secteurs ont montré une résilience remarquable, adaptant leurs modèles d’affaires aux nouvelles réalités du marché ou qui profitent d’une évolution favorable du coût des matières premières.

La période actuelle est donc cruciale pour les entreprises françaises. Elle exige non seulement une adaptation aux nouvelles conditions économiques mais aussi une préparation à gérer les fluctuations futures. Les entreprises qui réussiront à naviguer dans ce paysage complexe seront celles qui adoptent des stratégies flexibles et proactives, capables de répondre aux défis et aux opportunités émergentes.

En conclusion, la période post-COVID a offert des leçons importantes sur la résilience économique et la gestion des crises. Les données sur les défaillances d’entreprises en France reflètent non seulement l’impact des interventions gouvernementales mais aussi la capacité des nombreuses entreprises à s’adapter et à évoluer dans un environnement en constante mutation. En d’autres termes, l’augmentation des défaillances d’entreprises en 2022 et 2023 en comparaison à la période 2020 et 2021 n’est pas un bon indicateur puisque la période COVID 19 est atypique avec un niveau artificiellement faible des défaillances d’entreprises directement lié aux mesures du gouvernement. Le niveau des défaillances d’entreprises actuellement observé n’apparaît pas inquiétant en comparaison avec les observations pré-covid 19. D’ailleurs, le niveau de défaillances d’entreprises à la suite de la crise de 2008 était bien plus élevé au niveau actuel ; afin d’illustrer ce propos, nous observons que le niveau des défaillances de septembre 2008 à août 2009 vs septembre 2022 à août 2023 était supérieur de près 25%. Ainsi, pour le moment, les entreprises semblent globalement assez résistantes à l’inflation, y compris celle liée aux coûts de l’énergie (hors secteurs particuliers).

 

Pour en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez écouter le 3ème épisode du Podcast Horizons économiques et innovations :